Au Burkina Faso, le Saba senegalensis, appelé localement « wêda », est un fruit largement apprécié mais encore très peu valorisé sur le plan industriel. À travers sa thèse soutenue au sein de l’Université Joseph Ki-Zerbo, Salamata Tiendrebeogo a consacré ses recherches à la mise en valeur de ce fruit aux multiples potentialités. Ses travaux ont été conduits au Laboratoire de Biochimie, Biotechnologie, Technologie Alimentaire et Nutrition (LABIOTAN), un centre de recherche spécialisé dans la nutrition et la sécurité alimentaire, avec un accent particulier sur la valorisation des produits locaux.
« On ne peut pas valoriser un produit local sans connaître sa composition biochimique et sa qualité nutritionnelle », explique le Pr Mamoudou Dicko, directeur de thèse et responsable du LABIOTAN.

Les analyses menées sur des échantillons provenant de cinq régions de forte production ont mis en lumière la richesse nutritionnelle du fruit. Le Saba senegalensis contient des composés phénoliques, des flavonoïdes, de la vitamine C, du lycopène et du β-carotène, reconnus pour leurs effets antioxydants. Cependant, l’étude a montré que la qualité biochimique du fruit varie d’une région à une autre.
Au-delà de la composition, la recherche a également permis d’identifier des méthodes de conservation efficaces, notamment le séchage des graines pulpeuses au soleil à 45 °C, qui garantit une meilleure stabilité des paramètres microbiologiques et physico-chimiques. Des confits produits à partir du fruit ont été testés et jugés favorables par un panel de dégustateurs, ouvrant des perspectives pour une transformation à l’échelle industrielle.

« Le Saba senegalensis est un fruit intéressant, mais il ne connaît pas encore de véritable transformation industrielle. Cette étude a montré comment le conserver et le rendre disponible toute l’année », a souligné le Pr Mamoudou Dicko.

Pour le président du jury, le Pr Lamine Saïd Baba-Moussa, il est temps que les gouvernants accordent davantage de confiance et de soutien aux chercheurs afin de concrétiser ces travaux.
Une recommandation qui prend tout son sens alors que la doctorante elle-même, Salamata Tiendrebeogo, rappelle : « Nous avons constaté que le fruit était négligé dans la sous-région. En plus, lorsqu’il est récolté, il pourrit très rapidement à cause de sa faible consommation. C’est ce qui nous a amenés à étudier le Saba senegalensis afin de le valoriser. »

À l’issue de la soutenance, le jury a validé son travail et lui a décerné le grade de Docteur de l’Université Joseph Ki-Zerbo. Une reconnaissance scientifique qui ouvre la voie à une meilleure exploitation de ce fruit aux vertus nutritives, et qui pourrait à terme contribuer à l’économie locale et à la sécurité alimentaire au Burkina Faso.
Correspondance particulière
Latribunedufaso.net
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