Port obligatoire du casque en circulation en 2025, les ouagalais donnent leur avis sur la décision, reportage sur le port du casque à Ouagadougou, 31 décembre 2024

Port obligatoire du casque en 2025 : Une mesure salutaire selon des usagers 

L’importance du casque en circulation n’est plus à démontrer. Elle protège la tête contre les chocs. Il est étonnant que jusqu’à présent, les Burkinabè se font toujours prier pour porter le casque en circulation alors que les engins à deux roues sont omniprésents dans le pays.  Pourtant, les premiers textes en la matière ne datent pas d’aujourd’hui. Depuis quelques années, le Burkina Faso a intensifié sa campagne de promotion du port du casque en circulation. Bien qu’on constate une petite amélioration, la majorité des utilisateurs de deux roues roulent toujours sans casque. Après des années de sensibilisation, les autorités ont décidé de passer à la répression à partir du 1er janvier 2025. En effet, des contrôles seront effectués dans tout le pays pour s’assurer du port obligatoire du casque. Qu’est-ce que les usagers pensent de cette mesure ? Quid des vendeurs de moto ? Latribunedufaso.net à fait le constat à Ouagadougou.

« Le casque c’est mon compagnon de tous les jours, mon compagnon de tous les temps. J’insiste, portons le casque », a déclaré Sibiri Charles Simporé, journaliste à la radio nationale. Il y a une anecdote derrière cette declaration. Joint au telephone, M. Simporé s’est confié à nous. D’un ton émouvant, il raconte.

En effet, il y a trois ans de cela, il a été victime d’un accident de circulation. « C’était un jour de repos.  Du retour d’un baptême, j’ai voulu prendre un raccourci en empruntant une voie que je ne connaissais pas. C’est tout ce dont je me souviens. Je me suis retrouver à l’hopital », a-t-il confié.

A écouter M. Simporé, il a perdu connaissance lors de l’accident. « Un mois après, quand je suis aller voir le docteur, il m’a dit que j’avais eu un choc au niveau de la tête et que c’est le casque qui m’a sauvé. Il m’a montré les résultats du scanner. J’avais été victime d’un saignement au niveau du cerveau. J’ai passé un mois à la maison avant de pouvoir reprendre le travail », s’en souviens Sibiri Charles Simporé.

«Je peux dire que ce jour c’est le casque qui m’a sauvé »

Pour M. Simporé, il doit sa tête sauve au casque. Cet événement tragique aurait pu tourner au pire. « Je peux dire que ce jour, c’est le casque qui m’a sauvé. C’est ce que le médecin même m’a dit », a-t-il laisser entendre. Il a lancé un appel aux usagers de la route à toujours porter un casque en circulation peu importe la distance car, dit-il, l’accident ne prévient pas.

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Par ailleurs, il a battu en brèche les raisons avancées par certaines personnes pour se dispenser de ce geste qui sauve. « Les gens disent avoir des problèmes respiratoires s’ils portent le casque. Moi je ne suis pas d’accord. On peut soulever la visière pour bien respirer. Il faut penser surtout à ceux qui nous aiment et à ceux qu’on aime », a-t-il sensibilisé.

Nous pouvons dire que Sibiri Charles Simporé est chanceux. Mais combien d’accidentés de la circulation n’ont pas eu cette chance, tout simplement, parce qu’ils ne portaient pas de casque? Selon les données de l’étude d’élaboration d’une stratégie nationale sur le port du casque au Burkina réalisée en 2008, environ 72% des utilisateurs de motocycles impliqués dans les accidents de la circulation subissent des traumatismes crâniens.

Sur 100 accidents au Burkina Faso, 80 sont dus au fait de l’homme

En outre, selon une étude réalisée en 2020 par le Centre hospitalier de Tengandogo, sur 100 accidents au Burkina Faso, 80 sont dus au fait de l’homme. Les principaux facteurs de risques sont notamment la pratique de la vitesse, la pratique de la surcharge et le non port du casque et de la ceinture de sécurité routière. Ces chiffres montrent avec éloquence, l’importance du port du casque.

Malheureusement, certains usagers au Burkina Faso, pour ne pas dire la majorité, sont toujours réticents. Ils avances des raisons qui laissent comprendre leur manque de volonté de permettre aux acteurs de la sécurité routière de les aider eux-même. C’est le cas d’un ouagalais qui a requis l’anonymat. Il reconnait pourtant l’importance du port du casque en circulation. « Mais si tu portes, tu n’arrives pas à bien voir autour de toi. Tu peux être agressé par des bandits, surtout avec la situation actuelle du pays. C’est pour cela on a peur », a-t-il expliqué.

Malheureusement, il existe beaucoup de personnes qui pensent comme lui. D’autres avancent des raisons comme les difficultés respiratoires, le port des verres correcteurs ou la difficulté d’entendre le son des klaxons en circulation.

Malgré cela, il y a une lueur d’espoir de voir un jour tous les Burkinabè adopté le casque en circulation. Les messages de sensibilisation commencent à porter fruit. Aux feux tricolore, on peut souvent compter plus de dix personnes ayant porté le casque.

Port obligatoire du casque en circulation en 2025, les ouagalais donnent leur avis sur la décision, reportage sur le port du casque à Ouagadougou, 31 décembre 2024
« En cas d’accident, on peut sauver la victime. Mais une fois que la tête est touchée, il n’y a plus rien à faire », Samuel Sawadogo, usager – Ph. I. Tapsoba

La mesure du port obligatoire du casque en circulation à partir de l’année 2025 est saluée par beaucoup d’usagers de la route. C’est le cas de Samuel Sawadogo que nous avons aborder chez un vendeur de casque. Il etait venu en acheté. Selon lui, l’application de cette mesure permettra de changer les mentalités et de sauver beaucoup de personnes. « En cas d’accident, on peut sauver la victime. Mais une fois que la tête est touchée, il n’y a plus rien à faire », a-t-il souligné en invitant ceux qui sont toujours réticents à porter le casque en circulation.

« Avoir le casque sur sa tête en circulation, c’est se sécuriser soi-même. Les accidents sont imprévisibles…»

Zakaria Maïga, embouche également la même trompette.

Port obligatoire du casque en circulation en 2025, les ouagalais donnent leur avis sur la décision, reportage sur le port du casque à Ouagadougou, 31 décembre 2024
Zakaria Maïga, usager

« L’importance du casque n’est plus à démontrer. Avoir le casque sur sa tête en circulation, c’est se sécuriser soi-même. Les accidents sont imprévisibles. Je me suis offert ce casque afin de respecter la décision des autorités qui pensent au bien être de la population », a-t-il laissé entendre en portant fièrement le casque qu’il venait d’acquerir.

Même son de cloche pour Isaïe Kiemtoré que nous avons rencontré chez un vendeur de moto de la place. « Cette mesure est une excellente idée pour permettre à chaque client qui achète une moto d’avoir un casque », a-t-il salué. Pour lui, le casque protège. En cas de choc, il permet de protéger la personne.

Port obligatoire du casque en circulation en 2025, les ouagalais donnent leur avis sur la décision, reportage sur le port du casque à Ouagadougou, 31 décembre 2024
« Cette mesure est une excellente idée pour permettre à chaque client qui achète une moto d’avoir un casque », Isaïe Kiemtoré usager de la circulation – Ph. I. Tapsoba

M. Kiemtoré venait de s’offrir une moto. Le vendeur lui a effectivement remis un casque, conformément aux dispositions du décret n°2005-251/PRES/PM/MCPEA du 20 avril 2005. Ce texte stipule qu’il est impératif pour tout commerçant vendeur de cyclomoteurs, vélomoteurs et motocyclettes d’intégrer le casque de protection agréé par l’administration, aux équipements d’accompagnement de ces véhicules lors de l’opération de vente.

« Le contrôle de janvier 2025 concernera ceux qui ont acquis leur moto depuis janvier 2024…»

La mesure de contrôle du port obligatoire du casque qui doit commencer en janvier 2025 vise à s’assurer de l’application dudit décret, selon la Directrice de la planification et de la promotion de la sécurité routière à l’ONASER, Nina Samé/Yameogo. « Le contrôle de janvier 2025 concernera ceux qui ont acquis leur moto depuis janvier 2024. Mais ça sera un contrôle de façon  progressive. Donc le contrôle va s’étendre au fur et à mesure à tous les utilisateurs de deux roues motorisés », a-t-elle expliqué.

Port obligatoire du casque en circulation en 2025, les ouagalais donnent leur avis sur la décision, reportage sur le port du casque à Ouagadougou, 31 décembre 2024
La Directrice de la planification et de la promotion de la sécurité routière à l’ONASER, Nina Samé/Yameogo – Ph. I. Tapsoba

A l’écouter, les utilisateurs des deux roues concernées doivent non seulement porté le casque et avoir le reçu d’achat avec eux pour le contrôle. Selon elle, en plus de cette phase de repression, l’Office national de la sécurité routière (ONASER) continuera avec ses actions de sensibilisation des populations.

Mme. Samé s’est réjouie d’une amélioration constatée dans le changement de mentalité des populations sur le port du casque en circulation. En effet, selon une étude réalisée récemment (NDLR, Enquête nationale sur le port du casque de protection en circulation routière 2024), il ressort que 8,4% des utilisateurs de deux roues motorisées portent le casque en circulation. « Quant on fait un recul de 5 à 10 ans, on constate que les usagers commencent à adopter le casque », a-t-elle montré sa satisfaction.

Les vendeurs de moto que nous avons rencontré ont rassuré que pour toute nouvelle moto achetée, un casque est donné au client. Ils ont relevé l’objectif salutaire de cette mesure qui permettra de protéger les usagers de la circulation. « C’est une bonne mesure. Elle est à saluée. On faisait ça bien avant que l’Etat ne l’exige », a indiqué Benoît Soubeiga, agent commercial à Jeunesse moto. Cela n’a aucun impact sur le prix de notre moto, a-t-il ajouté.

« Depuis l’annonce de la mesure, nous constatons que les gens commencent à venir. Les gens viennent se renseigner sur le prix des casques. Il y a d’autres même qui en achètent. Nous remercions le gouvernement pour la prise de cette mesure qui va permettre de sauver la vie des populations en circulation », a indiqué Aminata Sawadogo, vendeuse de casque à Ouagadougou.

Issouf TAPSOBA

Latribunedufaso.net

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