Médias privés burkinabè : Les travailleurs montent à nouveau au créneau

La salle de conférence du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP/NZ) a servi de cadre, le mardi 10 août 2021, aux travailleurs des médias privés du Burkina Faso pour dresser le bilan, un an après la tenue de leur conférence de presse, sur leurs conditions de vie et de travail.

« Conditions exécrables, esclavagistes ». Ainsi ont été dépeints les conditions de vie et de travail des journalistes du Burkina Faso, principalement ceux du privé. En effet, pour les travailleurs des médias, la non- application de la Convention collective ; l’absence de contrat de travail ; l’absence de plan de carrière ; l’absence de déclaration à la Caisse de sécurité sociale, ou des déclarations non suivies de cotisation ; l’inexistence de couverture sanitaire sont les principaux maux qui caractérisent ces conditions de vie et de travail. Et, le 11 juin 2020, lorsqu’avait été évoqués lesdits maux, il avait de même été souhaité leur résolution.

Plus d’un an après ce souhait des travailleurs, « fondamentalement, rien n’a changé », regrettent-ils. « Sur un effectif de 421 organes, ils ne valent pas dix (10) organes, tout en étant généreux, qui appliquent la Convention collective. La précarité des conditions de vie et de travail des journalistes est malheureusement la norme à plusieurs niveaux », avancent-ils tout en expliquant que la majorité des journalistes exerce la profession sans contrat de travail formellement établi. A titre illustratif de leur propos, a été expliqué une des tac-tic de certains patrons ‘’prédateurs’’. « Chez certains patrons, un article validé et publié est payé à 2 500 F CFA et soumis à une taxation de 25% donc 625 F CFA. Et le journaliste est rétribué à 1 875 F CFA. Si l’article est rédigé par deux journalistes, ils partagent les 1 875 F CFA à deux. Mais, ces derniers font le travail avec leurs propres engins, leurs carburants, leurs téléphones et leurs unités et mégas, etc. », ont-ils raconté.

La plupart des journalistes du privé ne bénéficient non plus de sécurité sociale ; et pour ceux qui sont inscrits à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), les cotisations ne sont pas versées. Au regard du comportement de certains patrons, qui n’hésitent pas à s’adonner à la fraude en vue de bénéficier de la subvention de l’Etat (Fonds d’appui à la presse privée ndlr), les travailleurs des médias ont interpellé leurs complices de l’administration publique, plus particulièrement de la CNSS, à arrêter la délivrance de documents attestant d’une réalité qui n’en est rien. « Nous voulons particulièrement interpeller la CNSS d’arrêter de délivrer des documents prouvant que certains patrons sont à jour des cotisations de leurs journalistes alors qu’ils sont très loin du compte », ont-t-ils interpellé. Dans leurs interpellations, qui ont également inclus l’Etat burkinabè, notamment à être garant de l’amélioration des conditions de vie te de travail des journalistes, un clin d’œil a été fait aux confrères des médias confessionnels et des médias municipaux, « littéralement exploités par des hommes de Dieu… et à la merci de maires sans scrupules », disent-ils.

Comme perspectives, les travailleurs des médias privés appellent à l’union sacrée autour de l’Association des journalistes du Burkina (AJB) ; à l’engagement et à la mobilisation pour le respect de leurs droits. « Il est temps de mettre fin à notre naïveté en comptant sur la bonne foi des patrons pour l’application de la Convention collective. Face à autant de difficultés, il nous appartient de nous mobiliser, de nous organiser davantage…Il y a donc plus à gagner qu’à perdre si l’on se mobilise », ont-ils lancé. Le ministère de tutelle, a été invité à prendre des mesures visant l’application pleine et entière de la Convention collective de 2009 par les patrons de presse ; le Conseil supérieur de la communication (CSC), autorité chargée de réguler les médias, a été interpellé à ne pas seulement se comporter « comme un gardien du régime en place » ; aux patrons de presse, invitation leur a été formulée de respecter leurs libres engagements pris en signant la Convention collective.

En de termes plus explicites, les travailleurs exigent : « la pleine application de la Convention collective avec des contrats de travail en bonne et due forme ; un plan de carrière ; une couverture sanitaire appropriée ; le versement des arriérés de salaire ; la déclaration des travailleurs à la CNSS », ont-ils cités.

Tambi Serge Pacôme Zongo
Latribunedufaso.net

Partagez

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *