Ressources minières : L’orpaillage emploie plus que l’industriel

Les 08 et 09 décembre 2020, le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) a animé un forum national sur la transparence et la redevabilité dans la gestion des ressources minières au Burkina Faso, au niveau de la salle de spectacle du Centre national du spectacle et de l’audiovisuel (CENASA) à Ouagadougou. Ledit forum comptait pour la 15e édition des Journées nationales du refus de la corruption (JNRC).

Pour la deuxième journée du forum national sur la transparence et la redevabilité dans la gestion des ressources minières au Burkina Faso, initié par le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), un panel sur la lutte contre la corruption dans le secteur minier a été organisé. Ce panel, animé par le Pr Taladidia Thiombiano et Dr Ra-Sablaga Ouédraogo a été modéré par le Secrétaire général (SG) de la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGTB), Bassolma Bazié.

Le Pr Taladidia Thiombiano a, pour sa part, traité de la thématique : « la nationalisation des industries minières au Burkina : solution possible et faisabilité ». Il a tenu à rappeler dès l’entame de son intervention que la nationalisation est une opération par laquelle la propriété d’une entreprise est transférée à la collectivité de manière à la soustraire de la direction capitaliste. La conviction du Pr Taladidia Thiombiano est qu’en nationalisant une société, l’État fait un transfert du pouvoir décisionnel en général, et des moyens de production en particulier, de ladite société à la nation. « Placer les ensembles économiques sous le contrôle et la direction de l’État permet d’orienter dans un certain sens l’activité de l’entreprise, qui était essentiellement privée, vers un intérêt général », explique-t-il. Pour une nationalisation, le professeur d’économie précise qu’il y a des préalables à remplir tels que le système politique qui, à défaut d’être révolutionnaire, doit être nationaliste. A cela, il ajoute que les autorités politiques ne doivent pas être parties prenantes dans ces sociétés minières ; ce qui est, estime-t-il, loin d’être le cas au Burkina Faso.

À la suite de l’intervention du Pr Taladidia Thiombiano, est intervenu Dr Ra-Sablaga Ouédraogo. Il a été question pour lui d’aborder le thème : « Ressources minières : que gagne le Burkina ? Que perd le Burkina ? ». Après une analyse minutieuse des nombreux profits que le Burkina Faso peut tirer du secteur minier, il a porté une analyse critique sur le taux d’employabilité qu’offre ce secteur au Burkinabé. « On se rend compte que le secteur de l’orpaillage emploie plus d’un million de personne au Burkina. », renseigne-t-il avant de poursuivre : « le secteur de l’exploitation industrielle emploie quelques dizaine de millier dans le meilleur des cas ». Pour ce dernier, le manque de stratégie d’industrialisation du secteur minier est à la base de son sous-développement, « La déception se trouve dans les impacts économiques du secteur qui n’a pas réussi une transformation industrielle », confie-t-il. Il regrette également le fait que les recettes fiscales ne permettent pas de faire de l’investissement public, « les recettes fiscales sont très faibles parce qu’elles sont bâties sur un modèle autre que celui vertueux », a-t-il déclaré.

Lors de son intervention, Dr Ra-Sablaga Ouédraogo n’a pas manqué de fustiger les autorités politiques et les investisseurs étrangers dans les mines tout en s’appuyant sur le taux du fond minier qui est de 1% et qui peine à être recouvré à cause du marchandage entre pouvoir politique et investisseur. La question des dégâts environnementaux liés à l’exploitation minière a de même été passée en revue. Pour le communicateur, hormis la destruction de l’environnement avec son corollaire de pollution d’eau, les dégâts environnementaux génèrent aussi des conflits sociaux avec l’accaparement des terres des « sans voix » et des dégâts communautaires. Afin d’aboutir à une meilleure gestion des ressources minières qui profitera à toute la population du Burkina, il invite les Organisations de la société civile (OSC) et toute la population à s’engager dans la réflexion et à se mettre en rang de bataille. « Je nous engage à réfléchir sur ce sujet au sein de la société civile. Je m’engage y compris à porter plainte contre qui vous savez » a-t-il indiqué. Il a conclu en rappelant que la bonne gouvernance du secteur minier ne viendra pas des hautes autorités du pays.

Tiba Kassamse Ouédraogo (Stagiaire)
Latribunedufaso.net

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