Barrage de Tanghin : Quand pêche, maraicher culture et jardinage se côtoient

Pêche, maraicher culture et jardinage ; telles sont les activités qui se sont développées au fil des ans au niveau du barrage de Tanghin, situé à Ouagadougou, dans l’arrondissement 4. Allés donc à la rencontre des pratiquants desdites activités, ils nous ont fait savoir leur satisfaction, leurs difficultés et attentes vis-à-vis des autorités compétentes. Lisez-donc!

Au barrage de Tanghin, les jardiniers y sont installés depuis de nombreuses années. Tant bien que mal, ils tentent de mener leurs activités afin de subvenir à leurs besoins personnels ainsi qu’à ceux de leurs familles. Mahamadi Koanda, l’un d’eux, mène cette activité il y a maintenant deux décennies. A l’en croire,  les travaux varient en fonction de la période et surtout de la montée de l’eau. « Durant la saison hivernale, il n’y a que le jardinage et l’entretien des plantes qui sont menées comme principales activités puisque la montée de l’eau empêche de pratiquer la culture de contre saisons », a-t-il expliqué.

La culture de contre saison serait quasiment impossible en période de pluie car, les lieux seraient envahis par une eau qui stagne. « Les produits qu’on peut retrouver en cette période hivernale sont essentiellement des plantes comme les manguiers, greffée et non greffée ; les bananiers ; les papayers ; les citronniers ; les eucalyptus ; et les fleurs…», a-t-il cité. En ce qui concerne le prix des plantes, Mahamadi fait savoir que toutes les bourses trouvent leur compte. « Les prix vont de 100 francs CFA à 5000 francs CFA en fonction de la variété et de la période ».

Pour ce qui est de la rentabilité, le jardinier de Tanghin-barrage indique que le marché leur est plus favorable en période pluvieuse. « Le marché est plus rentable en période pluvieuse car c’est la période généralement prise pour les reboisements. Les citoyens, les associations payent les plantes en nombre pour les reboisements. Les gens se disent qu’avec les pluies l’entretien devient encore plus facile, et s’attèlent donc à les acheter », a-t-il ajouté.

 Saison pluvieuse, saison favorable mais…

L’activité nourrit certes son homme, mais les difficultés ne manquent pas selon notre jardinier.  « On peut dire que le travail nourrit son homme du moment où nous arrivons à subvenir à nos petits besoins, payer la scolarité de nos enfants, prendre en charge notre famille mais c’est pas du tout simple », raconte Mahamadi Koanda avant de préciser que chacun (jardiniers) travaille avec les membres de sa famille, faute de moyens. Les eaux envahissent les surfaces, submergent les plantes ; ce qui entrainent d’énormes pertes pour les producteurs. « Les difficultés liées à l’emploi, nous les rencontrons tous les jours. En saison pluvieuse, c’est encore pis ; la voie est quasiment impraticable, l’eau stagne… le niveau de l’eau déborde et les plantes baignent dans l’eau… nous sommes confrontés à des pertes », s’indigne le jardinier.

Pour Mahamadi Koanda, l’absence des autorités sur ledit lieu, est signe de désintérêt vis-à-vis d’eux (acteurs intervenant sur le barrage) et de leurs activités. « Depuis que je suis là (près de 20ans), je n’ai jamais vu une autorité se déplacer sur les lieux pour voir comment on travaille, ou nous encourager. Pourtant, le travail que nous faisons est bénéfique à tous», a-t-il indiqué.

Il dit cependant attendre des autorités compétentes, la réhabilitation de la voie ; toute chose qui pourrait augmenter leur chiffre d’affaires et dégager un passage pour l’eau qui stagne et qui empêche la maraicher culture en saison pluvieuse. « Nous ne demandons pas aux autorités de nous payer, car même avec des millions pour tout un chacun de nous les difficultés vont toujours exister et on ne s’en sortira pas », a-t-il déclaré.

  Les poissons de Tanghin-Barrage

L’autre activité favorisée par le barrage de Tanghin est la pêche. Egalement installés depuis plusieurs années au niveau du barrage, les pêcheurs de Tanghin-barrage ont essentiellement recours à trois techniques dans leur tâche. Ils usent, premièrement, d’un filet pour les prises sur place ;  secondement, d’un autre filet qu’ils placent dans l’eau et dont la prise est ultérieure ; et enfin, la canne à pêche, utilisée rarement. Ils avouent aussi faire face à davantage de difficultés en cette saison pluvieuse. « Actuellement, certains ont 05kg et d’autres 10kg. Mais en saison sèche, souvent ça va jusqu’à 30kg pour d’autres en une seule prise avec la baisse du niveau d’eau », a noté Désiré Sawadogo, pêcheur depuis près de 40 ans.

A l’inverse des planteurs, les pêcheurs ne vendent pas leurs poissons à tout le monde, sauf si le potentiel client les retrouve au bord du barrage, juste après leurs prises. « Nous ne vendons pas directement aux acheteurs, sauf si ceux-ci viennent au bord du barrage après la prise. Nous vendons nos prises à des femmes (grossistes) qui les revendent… les prix vont généralement de 500 francs CFA à 1000 francs CFA en fonction de l’espèce et de la taille », a-t-il soutenu .

Quant aux difficultés rencontrées, elles sont courantes, de l’avis de Désiré. La jacinthe, est premièrement pointée du doigt.  Car, elle absorberait énormément d’eau. La non pérennité de l’eau, en est la suivante dans l’énumération du «pêcheur doyen de Tanghin-barrage ». Les pêcheurs, dans leur ensemble, s’indignent également de l’absence des autorités. Ainsi, sur près de 40 ans d’activité, Désiré Sawadogo affirme ne pas avoir vu une seule autorité communale sur le site. Au contraire, ce serait des étudiants qui viendraient échanger avec les acteurs malgré le fait que ces derniers payent un permis (de pêche) au niveau du service de l’élevage afin de mener leur activité. « Pour pêcher dans le barrage, il te faut un permis qui coûte 8 000 francs CFA l’année…», a-t-il soutenu.

Tout comme les jardiniers, les pêcheurs ne s’attendent pas à un soutien financier de la part de l’autorité mais plutôt, à une amélioration de l’infrastructure. Dit autrement, ils souhaitent le curage du barrage afin d’assurer sa pérennité et donc la bonne évolution de leur activité. « Tout ce que nous voulons est qu’ils nous aident à curer le barrage pour que l’eau soit permanente sur toute l’année… », a-t-il laissé entendre.

En rappel, en raison de la saison hivernale, et donc du fait que la maraicher culture ne peut se pratiquer en cette période, les maraichers culteurs n’ont pu être approchés. Ce qui ne devrait pas soustraire cette activité de celles qui se pratiquent au barrage de Tanghin dans la commune de Ouagadougou.

Tiba Kassamse Ouédraogo (Stagiaire)

Latribunedufaso.net

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