Vote des personnes déplacées internes : pour le compte de quelle localité faut-il compter leurs voix ?

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a mené une étude sur le vote des personnes déplacées internes (PDI) dans les cinq régions où la situation sécuritaire a affecté considérablement les populations entrainant pour la plupart d’entre elles des déplacements. Si le dialogue politique de juillet 2019 avait permis un consensus autour du vote de ces Burkinabé forcés de quitter leurs localités, la question sur la prise en compte de leurs voix est toujours en attente de résolution.

En effet, l’étude a fait voir deux scénarii dont le rattachement des voix des PDI à leur localité de départ ou bien la prise en compte des déplacés dans les opérations électorales de la localité d’accueil. C’est ce qui ressort de l’atelier de restitution de ladite étude organisée par la CENI le lundi 27 janvier 2020. Aux sorties du dialogue politique du 25 juillet 2019, les esprits s’étaient accordés, dans le cadre électoral, sur les documents de votation, la participation de la diaspora et des personnes déplacées internes (PDI) aux échéances électorales. Dans le souci de permettre une participation effective des PDI aux prochaines élections, une étude de deux mois a été menée par la CENI à partir de septembre dans les cinq régions à haut défis sécuritaire.

Suivant le 1er vice-président de la CENI, Adama Kéré, il s’agit des régions de la Boucle du Mouhoun, de l’Est, du Centre-Nord, du Nord et du Sahel. Le choix de ces régions s’explique par le fait qu’il est observé un déplacement massif des populations. En effet, des 22 provinces sur lesquelles l’étude a porté, 20 d’entre elles sont affectées par le phénomène des PDI. En décembre 2019, le bilan officiel du gouvernement portait à 600 000 le nombre de PDI provenant de ces localités. En rappel, l’étude n’a concerné que le cas des déplacés internes. Il s’agit, à en croire Adama Kéré, des citoyens burkinabè contraints pour de raisons diverses de quitter leur localité en vue de se dérober à des nuisances sans toutefois franchir les frontières nationales.

L’étude sur le vote des personnes déplacées internes a révélé deux scénarii sur la votation de la ces citoyens burkinabè. Pour le premier scénario, les voix des PDI seront prises en compte dans leurs localités de départ. Cela signifie que même si l’enrôlement et l’échéance électorale ont été faits loin de la localité de provenance du déplacé, sa voix ne sera pas comptée dans son milieu d’accueil. Pour Adama Kéré, un tel scénario permet d’équilibrer l’électorat en donnant au déplacé de participer à la désignation de l’exécutif local. Cela hôte le risque d’avoir des villages sans conseil lorsque les PDI regagneront leurs localités de départ.

Pour Adama Kéré, ce scénario est important lorsqu’il s’agit d’une élection municipale surtout dans la mesure où les élections législative et présidentielle ne nécessitent pas trop le reversement des voix des PDI qui ne vont pas généralement au-delà de la commune. Le second scénario est le contrepied du premier. En effet, pour ce cas, les PDI exerceront leur droit de citoyen pour le compte de la localité d’accueil. Pour se faire, les personnes déplacées détentrices d’anciennes cartes d’électeur les remplaceront par de nouvelles qui renseigneront sur la localité d’accueil. La plupart des PDI ne disposent pas de documents de votation exigés par le code électoral que sont la CNIB et le passeport ordinaire en cours de validité. Tout comme leurs concitoyens, les PDI qui n’ont pas l’un de ces deux documents se verront empêcher de participer à l’enrôlement qui tiendra compte de la densité de leur regroupement dans les sites d’accueil. Pour le président de la CENI, Newton Ahmed Barry, un choix doit résulter à la fin de l’atelier de ces deux scénarii car la date du début de l’enrôlement au niveau national est le 3 février 2020.

Alexandre Moyenga (Stagiaire)

Latribunedufaso.net

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