Journée culturelle Sénoufou : « Un peuple méconnu, qui ne s’exprime pas, est appelé à disparaitre », Seydou Traoré, Président du comité d’organisation

La journée culturelle sénoufou, vous connaissez ? Qui est le Sénoufou et qu’’est-ce qui le caractérise ? D’où vient-il ? Seydou Traoré, président du Comité d’organisation (PCO) de la Journée culturelle Sénoufou, s’est entretenu avec nous sur ce pan culturel du pays des Hommes intègres. Rendez-vous est donné pour le samedi 4 juin pour vibrer au rythme du balafon et partager l’histoire de ce peuple qui lie au moins six pays de l’Afrique de l’Ouest.

Latribunedufaso.net : C’est quoi la Journée culturelle Sénoufou ?

Seydou Traoré : La journée culturelle sénoufo est une manifestation organisée chaque année à Ouagadougou par un groupe de jeunes sénoufo. Cette activité à pour but de permettre à notre communauté de se rassembler pour fraterniser, mieux se connaître et cultiver la solidarité entre nous afin de promouvoir la culture sénoufo à Ouagadougou voire au-delà.

Depuis la création de cette journée, combien d’éditions avez-vous pu tenir ?

L’édition de 2022 est une édition de relance. Cela m’amène à faire une l’historique de l’organisation de l’activité. En effet, c’est en 2009 qu’un groupe de jeunes sénoufo a décidé d’organiser à Ouagadougou une manifestation autour des enjeux de la culture sénoufo. Cette initiative a été saluée par l’ensemble des couches sociales de cette ethnie. Cette première édition a été tenue avec le soutien des aînés et des anciens de la communauté.

Ensuite s’en est suivi l’organisation de cette activité chaque année jusqu’en 2013 où elle n’a pas pu avoir lieu à cause des difficultés d’ordre organisationnelle. La 5e édition a eu lieu en 2014. Elle a permis de faire le bilan des acquis engrangés et des difficultés de parcours afin de mieux s’organiser pour permettre à l’événement de prendre un autre envol et d’atteindre les objectifs auxquels nous nous étions assignés.
Après cette édition, il y a eu une suspension en raison de l’affectation de certains acteurs clés de l’activité hors de Ouagadougou pour raison de service. Donc à travers l’édition de cette année, nous voulons relancer la manifestation, renouer avec le public et promouvoir notre culture.

Quel thème est retenu pour cette édition 2022 et pourquoi un tel choix ?

L’édition 2022 sera célébré sous le thème : « Identité culturelle sénoufo et modernité : Défis et perspectives. » C’est un thème qui interpelle toute la communauté sénoufo sur les menaces de la dynamique du monde moderne face à la culture sénoufo. Nous sommes dans une dynamique de mondialisation où il n’existe pas de frontière entre les cultures. Toutes les communautés ont leur spécificité, des traits caractéristiques qui permettent à ces peuples de s’identifier pour mieux s’exprimer dans ce village planétaire. C’est conscient de cet enjeu que nous voulons protéger nos valeurs culturelles en faisant de la jeunesse le fer de lance de sa promotion. Ce thème cadre avec nos objectifs car il appelle la communauté sénoufo à l’originalité.

Où peut-on trouver la communauté sénoufou et qu’est ce qui la caractérise principalement ?

Les recherches font état de la présence des sénoufo, de façon remarquable, dans quatre pays. Il s’agit notamment de la Côte d’Ivoire qui regorge le plus grand nombre, le Mali, le Burkina Faso et le Ghana. D’autres recherches font état de la présence des sénoufo en Guinée Conakry et au Sénégal. C’est une communauté qui est assez représentée dans la sous région ouest africaine.

Au Burkina Faso, l’on retrouve les sénoufo dans la province de la Leraba (Sindou), de la province de la Comoé (Banfora), dans la région de la Boucle du Mouhoun et dans la province du Kenedougou (Orodara), dans les Hauts-Bassins. Les noms de famille que l’on retrouve couramment chez les sénoufo sont notamment Traoré, Ouattara, Coulibaly, Koné, Sanogo, Dissa et Bengali. Il y a des sous-groupes comme les sambla, les bobo et les dafing qui peuvent partager les mêmes noms de famille que les sénoufo car étant dans la même zone qu’eux.
Le sénoufo a plusieurs traits caractéristiques notamment la langue qui est le Sena, et le traditionalisme (religion). Le sénoufo est foncièrement traditionnel. Ses pratiques religieuses traditionnelles sont différentes de celles des autres communautés.

Comment va se passer cette journée culturelle ?

La journée culturelle est prévue se tenir le samedi 4 juin 2022 à la maison des jeunes de la commune de Ouagadougou. Le site est situé du côté Ouest de la mairie centrale de Ouagadougou. Cette activité intéresse toute la communauté sénoufo. Cette édition sera parrainée par le Colonel Lona Charles Ouattara, un homme politique et traditionaliste confirmé. Le conférencier sera Mélégué Traoré un homme reconnu en matière de politique et de culture au Burkina et à l’international. Il va nous entretenir sur le thème et nous dira ce qu’il y a de fondamental à protéger la culture sénoufo. Ainsi que la direction à suivre par la jeunesse pour faire de cette culture une source dans laquelle la communauté sénoufo devrait s’abreuver régulièrement pour mieux se définir et mieux affronter les réalités du monde moderne. Le modérateur sera de cette conférence Brama Zié Ouattara, un homme averti des questions de culture.

Les activités vont démarrer à 8 heures avec la conférence publique et prendront fin à partir de 21h. Dans le programme, juste après la conférence publique, il y aura des prestations de danse, de la musique traditionnelle et tradi-moderne, des expositions d’art, de tenues traditionnelles et de mets locaux. Il est également prévu la prestation des troupes balafon et de cantatrices qui vont égayer les participants jusqu’à la fin de la journée.

Avez-vous un message particulier à adresser à la communauté sénoufo et aux autres communautés ?

Nous lançons un appel à toute la communauté sénoufo, à tous les sympathisants de la culture sénoufo de faire sienne journée et d’aider les commis qu’ils ont mandaté pour présider à la destinée de cette activité. Nous leur demandons de nous soutenir sur tous les plans afin que cette activité soit une réussite. Un peuple méconnu, qui ne s’exprime pas, est un peuple qui est appelé à disparaitre.

Je profite également invité les autres communautés vivant dans la ville de Ouagadougou, surtout nos esclaves du Sud-Ouest (Ndlr : parent à plaisanterie). Figurez-vous que ces gens-là ont volé nos idées pour organiser une journée culturelle qui malheureusement fonctionne bien. Nous nous réjouissons pour eux. Ils peuvent venir encore voir et voler encore nos belles et lumineuses idées car nous les sénoufo, nous sommes intelligents.

Entretien réalisé par Marcus Kouaman
kmagju@gmail.com
Latribunedufaso.net

Partagez

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *