Situation alimentaire au Burkina Faso : 2,7 millions de personnes en danger si rien n’est fait

La Confédération paysanne du Faso (CPF), a organisé une conférence de presse ce vendredi 18 février 2022 à Ouagadougou, pour donner sa lecture des résultats de la campagne agro-sylvo-pastorale 2021/2022. C’était sous la présidence de Bassiaka Dao, Président du Conseil d’administration de la CPF.

En effet depuis l’année 2016, la Confédération paysanne du Faso (CPF) s’est dotée d’un observatoire des exploitations familiales agricoles qui lui permet de faire le suivi de l’évolution de la campagne agricole, la situation alimentaire et la veille sur les politiques sectorielles agricoles. De ce fait, les résultats montrent que la campagne agro-sylvo-pastorale 2021/2022 a été mauvaise sur l’ensemble du territoire et reste alarmante dans certaines localités, comme les régions du Nord, du Centre-nord, du Centre-est et de l’Est, où plus de 80% des exploitants agricoles ont apprécié très négativement les résultats de la campagne. « Les résultats prévisionnels du Ministère en charge de l’agriculture qui estiment la production céréalière à 4 686 676 tonnes soit une baisse de 9% par rapport à la campagne passée, corroborent l’appréciation des producteurs », a fait comprendre Marc Gansoré, Secrétaire général de la Fédération des sociétés coopératives des professionnels agricoles du Burkina (FESCOOPA-B). Environ 67% des exploitants familiaux estiment ne pas pouvoir couvrir leurs besoins alimentaires. Ce qui fait que près de 2,7 millions de personnes pourraient avoir besoin d’une assistance alimentaire d’ici le mois d’août 2022, si rien n’est fait.

A entendre les conférenciers, plusieurs facteurs expliquent cette situation, dont les longues poches de sécheresses et la baisse de la pluviométrie dans la plupart des régions du pays. « Il y a aussi la situation sécuritaire restée particulièrement difficile dans la plupart des bassins de production, sans oublier l’impact négatif de la maladie à coronavirus sur les activités de production et les échanges commerciaux », a ajouté Marc Gansoré.

Déjà, la CPF note que les répercussions de cette mauvaise campagne se font déjà sentir, notamment avec la flambée des prix des denrées alimentaires et les difficultés d’approvisionnement des unités de transformation et des industries agro-alimentaires. Ce qui nécessite que des mesures idoines soient trouver pour préparer les campagnes à venir et éviter des catastrophes.

Pour ce faire, la CPF recommande entre autres la prise de mesures immédiates pour le renforcement du stock de sécurité et d’intervention ; la fourniture de vivres aux ménages vulnérables et aux agriculteurs déficitaires ; la sécurisation de l’ensemble du territoire ; le retour des personnes déplacées internes dans leurs localités d’origine ; la mise en œuvre d’un programme national de réinstallation des producteurs et productrices déplacés dans leurs localités d’origine ; ainsi que l’accompagnement de la Centrale d’approvisionnement des intrants et matériels agricoles (CAIMA) à disposer en quantité et en qualité des intrants pour la campagne 2022/2023 au plus tard en avril. Par ailleurs, la CPF estime qu’il est nécessaire de repenser la politique d’irrigation au Burkina Faso, pour ne plus que l’agriculture du pays reste tributaire des caprices pluviométriques.

A l’issue des échanges sur les résultats de la campagne agricole 2021/2022, la CPF a saisi l’occasion pour rappeler une problématique, celle de la crise foncière, qui d’après elle, a entraîné une réduction significative des terres agricoles.

Pour finir, elle a montré sa disponibilité à accompagner les autorités dans la conception et la mise en œuvre des politiques et stratégies agricoles, tout en les interpellant à considérer les propositions de mesures visant à gérer la situation alimentaire et nutritionnelle et à préparer sereinement les campagnes agricoles à venir.

Alizèta Zouré
Latribunedufaso.net

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