Procès Thomas Sankara : Des témoins torturés racontent leur calvaire

Le procès Thomas Sankara et ses 12 compagnons, se poursuit avec l’audition des témoins. L’audience de ce lundi 29 novembre 2021 a été marqué par les témoignages de Philippe Ouédraogo militant du Parti africain de l’indépendance (PAI) et ex-membre du Conseil national de la révolution (CNR), Ernest Nongma Ouédraogo, proche de Thomas Sankara et ministre de l’Intérieur sous le CNR et Mousbila Sankara, ingénieur de télécommunication à la retraite.

Philippe Ouédraogo dit avoir reçu un appel, qui indiquait que Blaise Compaoré demandait à le voir le 19 octobre 1987. Il a dit qu’il y avait des problèmes entre Thomas Sankara, lui et les deux autres (Henri Zongo Et Boukary Lingani). Il a expliqué leurs divergences à propos d’un projet de création d’un parti que Sankara voulait et la dissolution des partis qui existaient et eux (Blaise Compaoré, Henri Zongo et Lingani) n’étaient pas d’accord. Lorsqu’eux s’opposaient à ce projet relate M. Ouédraogo, Sankara se fâchait et claquait la porte. Un autre argument avancé par Blaise Compaoré pour expliquer leurs divergences, poursuit Philippe Ouedraogo est le mariage de Blaise Compaoré avec Chantale où Houphouet Boigny leur a remis 10 millions de francs CFA. Sankara a souhaité que ce montant soit reversé dans la caisse de l’État. « À cette proposition de Thomas Sankara, Blaise Compaoré aurait dit qu’il n’était pas sûr que sa femme soit d’accord. Et Sankara de revenir à la charge pour demander que les 10 millions soient divisés en deux et que les 5 millions de Blaise Compaoré reviennent au CNR », dit-il. Ce fut chose faite selon M. Ouédraogo qui relève que cela n’a pas non plus été du goût de Blaise Compaoré.

Poursuivant avec les divergences entre les deux hommes, le témoin confie que Blaise Compaoré l’aurait fait savoir qu’avec la création du FITMA, Vincent Sigué avait proféré des menaces contre les hommes du CNEC. « On a fini de s’occuper des ennemis on va maintenant s’occuper des amis », aurait lâché Sigué, provoquant la colère des hommes du CNEC, creusant encore les divergences.

Ernest Nongma Ouédraogo donne sa version des faits

Ernest Nongma Ouédraogo, ministre de l’intérieur sous le CNR de 1983 à 1987, fidèle compagnon de Thomas Sankara et actuel bourgmestre de Tema Bokin était à la barre pour témoigner sur les évènements du 15 Octobre 1987. Son témoignage était très attendu puisqu’il est le seul ministre à être du gouvernement de Sankara jusqu’à sa chute. Si la défense, les parties civiles, le parquet et même le président de la chambre attendaient quelque chose de cet homme, c’est peine perdu. Les questions étaient répondu vaguement et parfois il évoque qu’il n’a pas souvenance de certains détails.

Chaque partie a fait de son mieux pour soutirer quelque chose mais, le natif de Téma Bokin dit qu’il ne peut donner que ce qu’il a. En effet, à la surprise générale du parquet et du président de la Chambre, la défense par le truchement de Me Mathieu Somé a brandi une pièce à conviction selon laquelle, Sigué a falsifié un document en imitant la Signature de Blaise Compaoré pour prélever des armes au niveau de l’ETIR au moment des faits.

Le témoin dit qu’il n’en a pas connaissance puisque selon la défense ces armes devraient être mis à la disposition de la FIMAT considéré comme une milice dont le, cerveau est Nongma et son adjoint Sigué. Selon le parquet, c’est du pipeau car il n’a pas en sa possession cette pièce. La défense rassure qu’elle ne fait pas de l’à peu près qu’elle remettra cette pièce au président de la Chambre, mais exige du respect à son égard car pour la défense quand on poursuit on doit s’assurer d’avoir tous les éléments à la charge.

Mousblia Sankara berné par Blaise Compaoré

A la suite d’Ernest Nongma Ouédraogo, c’est Mousblia Sankara, ingénieur de télécommunication à la retraite. Il était à New York au moment des faits et avoue qu’il n’a pas grand-chose à dire mais reconnait qu’il s’est laissé berner par Blaise Compaoré puisque n’ayant pas assez d’information sur ce qui s’est réellement passé le 15 Octobre 1987, il a aidé Blaiser Compaoré avec des moyens de maintien de l’ordre. « J’ai été naïf », s’éclate en sanglot le témoin. De son retour de New York, il a été incarcérer à la gendarmerie et torturé sous la supervision de Jean Pierre Palm et ensuite transféré au Conseil de l’Entente où il a vécu un véritable cauchemar.

Julien Sawadogo

Latribunedufaso.net

 

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