Le Burkina Faso est engagé dans la lutte contre la malnutrition. Lors du sommet de la nutrition, tenu en 2025 à Paris, le pays a pris 10 engagements denommés engagements Nutrition for growth (N4G) ou engagements pour la croissance. L’un de ces engagements clés est d’accroître la couverture de la prise en charge de la malnutrition aiguë dans les zones à fort défi sécuritaire, passant de 71,9% en 2024 à 75% en 2028.
Comment le Burkina Faso va s’y prendre pour réaliser cet engagement ? Pour trouver des éléments de réponse, Latribunedufaso.net a rencontré le Coordonnateur du Réseau de la société civile pour la nutrition (RESONUT), Dieudonné Lankoandé.
Prévalence de la malnutrition aiguë globale au Burkina
Selon le Plan stratégique multisectoriel de nutrition 2020-2024, plusieurs régions du Burkina étaient touchés en 2015 avec des prévalences supérieures au seuil critique de l’OMS (10%). Il s’agissait du Sahel (15,5%), du Centre-Sud (12,4%), de la Boucle du Mouhoun (12,3%), du Centre-Ouest (11,5%), de l’Est (11,1%), du Nord (11,1%), du Centre-Nord (11,1%) et du Sud-Ouest (10%). Ces zones sont, pour la plupart, confronté à un défi sécuritaire.
Selon Dieudonné Lankoandé, face à ces défis sécuritaires, le RESONUT met en œuvre des stratégies innovantes, notamment le protocole simplifié de prise en charge, pour étendre la couverture de la lutte contre la malnutrition.
Déjà, M. Lankoandé informe que le RESONUT est une faîtière d’environ cinquante organisations nationales et internationales. Il joue un rôle crucial dans l’amélioration de la situation nutritionnelle au Burkina Faso.
La lutte contre la malnutrition par le RESONUT s’opère de manière coordonnée, tant sur le terrain qu’au niveau central, selon lui. En effet, ses membres mettent en œuvre des interventions pour améliorer la situation nutritionnelle. Au niveau central, le RESONUT, en tant que faîtière, participe à la plateforme nationale multisectorielle de la nutrition afin d’influencer les décisions et faciliter la mise en œuvre des actions sur le terrain.

A écouter le coordonnateur du RESONUT, le principal défi pour atteindre l’objectif de l’accroissement de la couverture de la prise en charge de la malnutrition aiguë dans les zones à forts défis sécuritaires est l’accès difficile aux populations. Pour y faire face, l’organisation et ses partenaires s’appuient sur plusieurs approches, dont le protocole simplifié de prise en charge de la malnutrition. Ce protocole vise à permettre aux communautés de mener elles-mêmes des activités de lutte contre la malnutrition, même dans les zones d’inaccessibilité totale.
Le protocole simplifié repose sur l’autonomisation des communautés. Il s’agit de former les membres de la communauté, y compris les mères, à dépister la malnutrition à l’aide d’éléments simples comme les bandelettes de Shakir ou périmètres brachiaux, a-t-il expliqué. Une fois la malnutrition dépistée, ces personnes formées peuvent administrer les intrants nutritionnels nécessaires, tels que le Plumpy’Nut.
Cette approche permet une prise en charge rapide des enfants malnutris directement au sein de leur communauté. Dieudonné Lankoandé rassure que face aux difficultés d’accés dans certaines zones, des efforts sont déployés pour assurer un approvisionnement en intrants nutritionnels.
Les interventions de prévention de la malnutrition
Au-delà du protocole simplifié, le RESONUT s’engage également dans des actions de prévention, selon son coordonnateur. Celles-ci incluent la promotion de l’allaitement maternel exclusif et l’amélioration de l’alimentation de complément pour les enfants.
En effet, le réseau utilise la communication et la sensibilisation pour diffuser les bonnes pratiques en matière de nutrition. De plus, des groupes de femmes et les clubs de santé sont mis en place pour le partage d’informations et l’apprentissage des bonnes pratiques nutritionnelles, incluant la préparation de bouillies enrichies. « Cela permet aux enfants de ne pas tomber dans la malnutrition », a-t-il souligné.
Au-delà de ces interventions de prévention, M. Lankoandé cite également d’autres interventions qui permettent de prévenir indirectement la malnutrition. Il s’agit de l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et la sécurité alimentaire.
Issouf TAPSOBA
Latribunedufaso.net