Retrait des pays de l’AES de la CEDEAO : « Je pense que c’est en vue de leur Fédération qu’ils font cela, pour pouvoir être conforme à la logique des choses », Bernard Bougma, journaliste

Dans un communiqué conjoint, en date du dimanche 28 janvier 2024, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé leur retrait « sans délai » de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). L’éloignement de l’institution des idéaux de départ, son assujettissement à des puissances étrangères et la non assistance dans la lutte contre le terrorisme sont, entre autres, les raisons évoquées par les trois pays pour justifier ce retrait. Qu’est ce que cette décision pourrait apporter comme changement ? Nous en parlons avec le journaliste Bernard Bougma. Lisez plutôt !

« On adhère librement à une organisation sous régionale, on en sort librement également. Maintenant, il y’a des conditions d’entrée et de sortie, parce que les différents Etats sont assujettis à des conditions, à des engagements qui ont été pris. Quand vous prenez l’engagement de sortir, il y a des textes à respecter et d’ailleurs les documents sont clairement annoncés », a-t-il indiqué, à l’entame, en ce qui concerne la légitimité de ce retrait.

Les 3 Etats, poursuit-il, n’ont pas dit quand est-ce qu’ils sortent. Ils ont dit que c’est sans délai. Sans délai, est-ce à partir de la date du dépôt (NDLR, notification formelle de retrait) ? Et donc, ils vont laisser courir un an parce que s’ils ne couvrent pas une année, ils s’exposent à des sanctions devant la cours de justice de l’instance.

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, faut-il le rappeler, ont créé en septembre dernier, l’Alliance des Etats du Sahel (AES) pour défendre en commun leurs intérêts stratégiques, au moment où la CEDEAO voulait attaquer le Niger pour réinstaller le président Mohamed Bazoum qui venait d’être renversé par le général Abdourahamane Tiani. Les trois Etats veulent aller à une Fédération, selon Bernard Bougma, et cela pourrait être l’une des raisons du retrait. « Il faut relever que ces trois monsieurs (NDLR, les présidents des 3 pays) ne manquent pas de courage. Ils ont pris leur décision en toute connaissance de cause. C’est dans l’ère du temps et c’est en cohérence avec ce qu’ils veulent faire. Ils veulent aller à une Fédération. Et si tel est le cas, est-ce qu’il peuvent créer une entité dans la grosse entité CEDEAO sans que cela ne fasse l’objet de sanction ? Donc, je pense que c’est en vue de leur Fédération qu’ils font cela, pour pouvoir être conforme à la logique des choses », peut-on l’entendre.

Quoi qu’il en soit, des changements, il n’en manquent pas. Il y a par exemple l’atteinte à la libre circulation des personnes et des biens dont bénéficient tous les Etats membres de la CEDEAO. « Si vous vous déplacez, vous pourriez désormais être considéré comme un africain ou une africaine au sens du terme. Le VISA qui n’était pas nécessaire pour un voyage entre ces pays pourrait dorénavant être demandé. Aussi, on pourrait payer des cartes de séjour dans ces pays là ».

De toutes les façons , on verra, car il y a également le principe de la réciprocité entre les différents États. Et il faut noter que le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont également membres de l’UEMOA. « Ils n’ont pas encore claqué la porte de l’UEMOA et là-bas, il y a également des avantages sur la circulation des personnes et des biens ». 

Dans tous les cas, même s’il y a des conséquences, ce sera à tous les niveaux. Les autres États, toujours membres de la CEDEAO n’en seront pas épargnés. « Si on se rappelle des sanctions qui avaient été imposées au Mali, l’économie sénégalaise aussi avait pris un coût. En effet, elle a perdu 70% du flux routier malien car ce dernier c’était retourné vers la Mauritanie », a cité comme exemple le journaliste.

Pour l’instant, tout ce que nous disons ne sont que des éventualités en attendant de voir l’évolution des choses. « A partir du moment où on saura quel jour et quelle date exactement ces Etats vont sortir, on pourra effectivement apprécier parce que ces trois Etats ont pris une option différente de celle voulue par la CEDEAO », a conclu notre interlocuteur.

Rosana Astride Kiendrebeogo 

Latribunedufaso.net

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