Procès Thomas Sankara : Le fossoyeur de Sankara donne sa version des faits

La lecture des procès-verbaux de témoins dans le procès Thomas Sankara et de ses compagnons s’est poursuivie ce mardi 4 janvier 2022 après la brève suspension suite aux fêtes de fin d’année. Paul Sawadogo, l’un des prisonniers ayant enterré le capitaine et ses compagnons, au cours de son audition devant le juge d’instruction a indiqué avoir vendu avec ses 12 autres codétenus, la bague du capitaine à 50 mille francs CFA. Pour Grégoire Kambou, lieutenant-colonel à la retraite, la mort de Sankara a été un grand choc. S’il reconnait qu’au sein du CNR, tout le monde savait que ça n’allait pas entre les deux leaders de la révolution, c’est le dénouement qui l’a surpris.

Paul Sawadogo était un détenu à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) en octobre 1987. Le jour des faits, avec d’autres détenus, une trentaine, ils ont été conduits au Conseil de l’entente, pour des travaux d’entretien. Il était présent quand le président du Faso, Thomas Sankara et ses compagnons ont été assassinés. De l’audition devant le juge d’instruction, fait par l’ex-détenu, il ressort que les assaillants de Thomas Sankara et ses 12 compagnons étaient déjà dans l’enceinte du Conseil quand le président est arrivé. Il explique qu’après les évènements, ils ont été reconduits à la MACO, avant que 13 d’entre eux, ne soient ramenés au Conseil de l’entente pour ramasser les corps des victimes. Sur le père de la révolution, le témoin affirme qu’ils ont pris sa ceinture traditionnelle, ses chaussures, et sa bague. La bague, il affirme qu’ils l’ont vendue à 50 milles francs CFA et se sont partagé l’argent. De ses dires, sur les autres corps, ils ont retrouvés de l’argent qu’ils se sont également partagé. Dans sa déposition, il reconnait avoir revu après les évènements, ceux qui ont commis le crime, mais déclare ne pas connaitre leurs noms.

La mort de Sankara un choc 

Grégoire Kambou est un lieutenant-colonel à la retraite. Son procès-verbal a également été lu. Pour lui, la mort de Sankara a été un grand choc. S’il reconnait qu’au sein du CNR, tout le monde savait que ça n’allait pas entre Thomas Sankara et Blaise Compaoré, c’est le dénouement qui l’a surpris au même titre que beaucoup d’entre eux. Il le dit d’ailleurs : « toute l’armée n’était pas d’accord pour ce qui est du dénouement ». Adjoint du général Gilbert Diendéré au niveau des renseignements, le témoin affirme que les agents sur le terrain ne leur ont pas fait cas d’un éventuel coup d’Etat. De son analyse, le fameux complot de 20 heures, a été trouvé après les évènements pour justifier le coup d’Etat. Il est de ceux qui pensent que les évènements du 15 n’étaient pas un accident. Il déclare à cet effet : « je ne peux pas dire que l’action du 15 octobre est spontanée. Elle a été préparée. Ils connaissent son emploi du temps ». A la question de savoir qui étaient les commanditaires, l’officier militaire affirme ne pas être en mesure de donner des noms ; mais rappelle que la question qu’il faut se poser, est à qui profite le crime ? De ce qu’il sait, le coup d’Etat a été perpétré par un groupe restreint de militaire appartenant au CENEC.

Julien Sawadogo

Latribunedufaso.net

 

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