Rencontre HCRUN- militaires radiés et fonctionnaires de police révoqués de 2011 :  des mécontents quittent la salle pendant les échanges 

Ce vendredi 13 septembre 2019 s’est tenue à Ouagadougou, une rencontre entre le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) et les militaires radiés et fonctionnaires de police révoqués à la suite des événements de 2011. A l’ordre du jour, le décret relatif à leur radiation et révocation du corps de métiers de la Police et de l’Armée.

Huit ans que cela dure ; et trois ans que le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) s’est saisi du dossier. Vous l’aurez bien compris, il s’agit de la situation des militaires radiés et des fonctionnaires de police révoqués à la suite des mutineries de 2011. En effet, institution chargée de gérer cette situation qui perdure, le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale(HCRUN), et comme le voudrait le bon sens, a invité les premiers concernés du dossier à échanger sur le décret relatif à la question des militaires radiés et fonctionnaires de police révoqués à la suite des événements de 2011 (décret n°2019-0819/PRES/PM/MINEFID/MJPEJ du 07 août 2019 portant octroi d’une aide spéciale à la réinsertion sociale des militaires radiés et à des fonctionnaires de police révoqués).

Et pourtant tout avait bien commencé… !

Tout se passait bien dans une ambiance bon enfant jusqu’au moment où, le Président du HCRUN, Léandre Bassolé, les civilités respectées et le mot introductif terminé, a invité les autres participants (militaires radiés et fonctionnaires de la police révoqués) à poser questions et inquiétudes sur le décret (objet de leur rencontre). C’est ainsi que, pendant que les interventions s’enchainaient les unes après les autres, trouvant souvent l’approbation ou la critique des autres camarades, une voix s’est élevée, invitant tous (policiers et militaires présents dans la salle) à quitter les lieux (salle de spectacle du CENASA, à Ouagadougou). Du coup, plusieurs fauteuils ont perdu leurs occupants, et l’on entendait, çà et là, des invectives à l’endroit du premier responsable du HCRUN et sa délégation de même que l’institution. Cet incident n’a cependant pas empêché la tenue de la rencontre. Car, après le fameux incident, les échanges se sont poursuivis avec ceux-là qui ont décidé de ne pas suivre le mouvement d’humeur.

Que retenir des différentes interventions ?

Comme le fait remarquer une citation : « Autant d’Hommes, autant d’avis » ; les différentes interventions, que ce soient des militaires ou fonctionnaires de police, ont été multiples et diverses même si souvent elles se ressemblaient. Bénao Mesmin (23 ans de service en tant que militaire, sous-officier de l’armée), présentement à la retraite, a souhaité qu’on lui reverse tous ses droits de retraité. « On m’a accusé injustement et on m’a fait partir… Je demande donc mes droits », a-t-il déclaré en substance.

Tiono Evariste, également militaire, a suggéré qu’on lui offre un emploi plutôt que de l’argent. « Nous, nous sommes les jeunes. Si, on nous donne l’argent, ça va partir dans les maquis », a-t-il cité avant de permettre à Valentin Bouda, fonctionnaire de police, de poser son inquiétude en ce qui concerne la différence du montant alloué à chaque individu pour sa réinsertion sociale selon qu’il est reconnu coupable ou non : « Moi, je veux comprendre, pourquoi 1.500.000 FCFA pour les condamnés et 3.500.000 FCFA pour les non-condamnés ? ».

« Quelqu’un qui ne s’est jamais présenté devant un procureur, un juge, et qui se fait condamner (injustement)… dans ce pays, les problèmes sont déplacés au lieu de les résoudre », a fait savoir un autre intervenant. Ce dernier, qui dit s’être reconverti, il est le Président directeur général(PDG) d’une entreprise de la place, indique que le statut (injuste) de condamné qu’on lui colle à la peau, ne permet pas de rendre florissante son activité. De fait, estime-t-il, la somme allouée à leur endroit, ne pourrait changer grand-chose à sa situation actuelle. Du reste des interventions, l’on note que des voix ont souhaité que le Président du HCRUN démissionne de son poste.

A toutes ces interventions, et après l’incident survenu, Léandre Bassolé, a remercié tous ceux qui sont restés et ont posé des questions d’éclaircissement. Il a aussi indiqué son ressenti face audit incident : « Bien ! ils sont partis, je crois que c’est leur droit. Je les remercie d’être venus, d’avoir dit publiquement où ils sont dans ce processus que nous avons conduit avec eux ».En réponse à ceux qui remettent en question la mission du HCRUN, Léandre Bassolé affirme : « Si nous comprenons tous de la même manière la mission qui est celle du HCRUN alors, nous devons accepter de comprendre aussi qu’on ne peut pas confondre le HCRUN à la justice classique ». Se voulant plus explicite, il poursuit : « Nous ne sommes ni des avocats de ceux qui sont concernés par les dossiers ni des avocats du gouvernement…nous devons constituer un havre de paix, de discussion, d’échange où chacun peut exposer son point de vue, ses prétentions ». En somme, il fait savoir que les portes de son institution ne seront jamais fermées aux dialogues. « Nous continuerons à travailler », a finalement indiqué le premier responsable du HCRUN.

Tambi Serge Pacôme Zongo

La Tribune du Faso

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