Couvertures médiatiques de la pré-campagne : Me Farama dénonce « un faux débat »

Après un premier numéro jugé satisfaisant, le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP/NZ) a organisé samedi 12 septembre 2020, à Ouagadougou le 2e numéro du club de la presse. Pour ce second numéro, le thème retenu est : « encadrement des activités de pré-campagne électorale et liberté de la presse au Burkina Faso : quelles lectures ? ». Maitre Prospère Farama, avocat de métier, a été le principal conférencier invité à s’entretenir avec les Hommes de médias à propos.

En application de l’article 68 bis de la loi n°034-2020/AN du 25 août 2020 portant modification de la loi n°014-2001/AN du 03 juillet 2001 portant Code électoral, il est interdit la couverture médiatique de toute campagne électorale déguisée pendant les 30 jours précédant l’ouverture officielle de la campagne. C’est une question qui fait couler beaucoup d’encre et de salive dans le paysage médiatique à l’approche des élections couplées du 22 novembre 2020. C’est tout le sens de ce 2e numéro du club de la presse principalement animé par Maitre Prospère Farama.
Pour ce dernier, le Conseil supérieur de la communication(CSC) fait un faux débat. Il est alors revenu sur la place de la presse dans un État en période électorale et également sur les devoirs et les prérogatives du CSC. Pour ce qui est du rôle de la presse dans une période électorale, Maitre Farama évoque la sensibilisation et un rôle d’éveil afin de garantir la même chance aux différentes sensibilités politiques.

Le rôle du CSC, selon lui, est de réguler et apporter un soutien aux médias pour qu’ils puissent mieux faire leur travail de sensibilisation. Mais le constat serait tout autre vu la restriction des activités de la presse en période de pré-campagne. Il précise que ce n’est pas le CSC qui a interdit la couverture médiatique mais l’article 68 bis du code électoral.
Pour Prospère Farama, le terme pré-campagne serait vide de sens en droit et en pratique ; il pense qu’il faudrait donc parler de période légale pour les campagnes électorales. « Un parti politique normal, ambitieux est toujours en campagne. Il faudrait plutôt parler de période légale ou officielle de campagne », a-t-il indiqué.
La question de la liberté de la presse a de même été au centre des échanges. Et, pour l’orateur, avec les textes de la Charte africaine et certaines institutions internationales telles l’Unesco, des restrictions et des encadrements sont prévues. Ces restrictions, soutient-il par ailleurs, doivent être faites avec objectivité et doivent être d’intérêt général. Elles ne doivent pas faire obstacle au débat d’intérêt général et doivent également être définies par la loi et non laisser à la discrétion d’une autorité.
« Dans notre contexte actuel, le CSC a fait des ajouts à la constitution. Il a pratiquement refait la loi ; ce qui n’est pas de son ressort », a poursuivi Maitre Farama qui au final, s’est penché sur la question de l’indépendance du CSC. « La restriction crée un déséquilibre du moment où elle ne concerne pas les activités des membres du gouvernement qui continue toujours leurs activités au nom du parti », a expliqué le conférencier.

La composition des membres du CSC (neuf au total dont trois désignés par le Président du Faso, deux par le Président de l’Assemblée nationale, un par le Conseil constitutionnel et trois par les organisations professionnelles des médias), est assez évocatrice, si l’on s’en tient aux propos de l’avocat. « Certains diront que ce n’est pas parce qu’il [le président du Faso] désigne qu’il contrôle l’institution. Mais pour moi, qui désigne, contrôle », a-t-il dit. Pour Maitre Farama, l’objectivité de l’institution est mise en cause dès lors qu’elle est dirigée par un homme qui fut conseiller du chef de l’Etat. « Quand on est conseiller d’un Président, on est d’abord un conseiller politique », a-t-il rappelé.

Tiba Kassamse Ouédraogo (stagiaire)
Latribunedufaso.net

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