Dématérialisation des timbres fiscaux : Les revendeurs s’inquiètent pour leur métier 

Les revendeurs de timbres fiscaux sont des personnes qui facilitent aux usagers l’obtention des timbres pour l’établissement de leurs documents. Nombreuse sont les personnes qui font de ce métier leur gagne pain. Dans le cadre de la dématérialisation des procédures administratives, le gouvernement a lancé le 20 novembre 2023, le eTimbre qui vient remplacer le timbre physique. Désormais, tous les utilisateurs sont invités a acheté directement les timbres sur la plateforme www.etimbre.bf. Même si cette innovation apparaît comme l’évolution normal des choses, elle n’est pas bien accueillie par les revendeurs de timbres qui s’inquiètent pour l’avenir de leur métier. Qu’est-ce qu’ils pensent du eTimbre ? Quel serait son impact sur leur activité ? Une équipe de Latribunedufaso.net est allée à leur rencontre pour recueillir leur avis. Lisez ! 

Selon le ministre de l’Economie, des Finances et de la Prospective, Aboubacar Nacanabo qui a procédé au lancement officiel de la plateforme de dématérialisation du timbre fiscal, l’objectif est de juguler les ruptures des timbres fiscaux et d’offrir un accès et un service de qualité aux utilisateurs.

Nongasida Nikiema, un revendeur de timbres devant un commissariat de police à Ouagadougou

Cependant, cette innovation ne semble pas être du goût des revendeurs. Pour Nongasida Nikiema, un revendeur de timbres devant un commissariat de police à Ouagadougou, l’innovation est a salué. Cependant, à l’écouter, le gouvernement devrait ouvrir d’abord la plateforme aux grandes sociétés avant de l’ouvrir progressivement à tous les citoyens du pays. Cela, pour leur permettre de continuer à revendre les timbres physiques le temps d’innover dans leur métier ou de trouver un autre travail. « Nous avons appris que le timbre sera désormais en ligne. C’est une bonne initiative mais je trouve que le gouvernement devaient penser à ceux qui veulent juste 1 ou 2 timbres et mettre quelques timbres à la disposition des revendeurs », a-t-il indiqué avant d’ajouter que « c’est à ceux qui payent les timbres en gros, les grands entrepreneurs, de payer par téléphone à travers l’application ». 

Nongasida Nikiema dit exercer ce métier depuis 2008. A l’écouter, il peut faire une recette de 25 000 FCFA par jour. Avec cette innovation, il s’inquiète pour son métier. Selon lui, le timbre physique est présentement en manque. Il demande au gouvernement de rendre ce timbre disponible afin que lui et ses collègues puissent le vendre le temps que la mise en place du eTimbre soit effective.

Abdoul Kader Koala revend les timbres physiques depuis 2020

Abdoul Kader Koala évolue également dans ce métier depuis 2020. Selon ses dires, il peut vendre 58 800 FCFA par jour. Lui aussi s’inquiète pour l’avenir de son métier. « Quand tout le monde adoptera le numérique, le changement de métier va s’imposer », s’inquiète-il. Pour lui, le pays n’est pas encore prêt à accueillir une telle innovation. « Ce nouveau système va nous noyer. Il n’est pas adapté à notre situation. C’est bon pour l’évolution mais c’est pas le moment. Le taux d’alphabétisation de la population n’est pas encore élevé », a-t-il souligné.  

Tasséré Kabré s’inquiète de l’avenir du métier

Tasséré Kabré, quant à lui exerce le métier de revendeur de timbres depuis 2001. Pour cet ancien, les bénéfices récoltés dans la vente lui permettent de s’occuper de sa petite famille. En effet, il affirme pouvoir vendre 100 à 150 timbres par jour. « J’ achetais les timbres à 200 FCFA pour les revendre à 250 FCFA. Actuellement à part plastifier les documents, je n’ai plus de travail. Je ne sais même plus comment je vais me débrouiller, vu que les timbres manquent déjà sur le marché », a-t-il déploré.

Inès Tougma et Nabintou Ouattara (stagiaires)

Latribunedufaso.net

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