Journalisme en période électorale : Ne pas tomber dans le  »griotisme »

Chaque 20 octobre est commémorée au Burkina Faso la journée nationale de la liberté de la presse. 2020, marque la 23e édition de cette journée nationale. A Ouagadougou, la tradition a été respectée à travers la tenue d’une cérémonie commémorative, suivi d’un panel-débats sur le thème : « le Journalisme à l’épreuve de l’éthique et de la déontologie en période électorale ». C’était au Centre national de presse Norbert Zongo (CNP/NZ), le mardi 20 octobre 2020.

Le choix de la thématique développée par le Pr Théophile Balima ; Ouseini Ilboudo de l’Observateur Paalga ; Jean Emmanuel Ouédraogo de la Radio télévision du Burkina (RTB) et Aziz Bamogo du Conseil supérieur de la communication (CSC) n’est pas fortuit et s’inscrit dans le cadre du double scrutin de novembre 2020, si l’on en croit le comité de pilotage du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP/NZ), initiatrice du cadre d’échanges et de partage de connaissances. « Les échéances électorales sont un enjeu véritable pour le monde de la presse. Le centre national de presse Norbert Zongo se veut donc de jouer sa partition pour des élections apaisées, démocratiques et incontestables », a déclaré Guézouma Sanogo, président dudit comité.

De l’avis du principal orateur, le Pr Théophile Balima, les journalistes en temps de campagne doivent, plus que jamais, appliquer la déontologie et l’éthique. « Les électeurs sont très sévères envers les journalistes, ils (les journalistes) sont détestés », dit-il. C’est en ce sens qu’il a invité ces derniers à ne pas se prêter aux jeux des politiques, qui souvent passent par des moyens  illégaux, notamment la « tentative de corruption ». Pour observer l’éthique et la déontologie en cette période, l’enseignant-chercheur a appelé les journalistes à éviter le silence coupable ; à critiquer les choses objectivement quel que soit la situation ; à penser hors de leurs propres convictions. « Le journaliste doit faire passer une information et non sa conviction et ses opinions ; il doit être moins orgueilleux, humble et accepter les critiques pour s’améliorer », a-t-il conclu.

À la suite du Pr Théophile Balima, Emmanuel Ouédraogo, rédacteur en chef de la RTB-télé a poursuivi dans le même sens. En effet, il a invité ses confères à plus de vigilance en ces temps de campagne ; il les suggère d’éviter les qualificatifs et les commentaires et de faire des comptes rendus. Il avance en outre, que la responsabilité du journaliste est plus que nécessaire, car « certains candidats sont prêts à tenir des propos à caractère ethnique, religieux ». Il a, par ailleurs, abordé la question de l’accès équilibré aux médias des différentes sensibilités politiques. Sur ce point, il affirme que c’est un travail que la RTB a déjà fait théoriquement. « Il est prévu treize couvertures médiatiques par candidat à la présidentielle ; et c’est aux candidats de définir les activités et la localité de la couverture », a-t-il fait savoir.

Pour Ouseini Ilboudo, la pluralité des opinions doit être acceptée. « La presse doit donner la parole à tous les bords politiques », a-t-il indiqué avant de rappeler que la rigueur et l’honnêteté doivent être les caractères du journaliste au risque que celui-ci ne deviennent « un chargé de communication ou un attaché de presse pour un parti quelconque », prévient-il.

Le vice-président du Conseil supérieur de la communication (CSC), Aziz Bamogo, est de même revenu sur le respect de la déontologie et de l’éthique. « Les journalistes doivent plus que jamais respecter la déontologie et l’éthique pour éviter tous soupçons de prise de position », a-t-il noté. Pour lui, le journaliste en temps de campagne électoral est celui « qui doit présenter tous les candidats et leurs programmes de façon impartiale et objective pour que les citoyens puissent faire un choix judicieux et conscient ». Les manquements observés par le CSC lors des campagnes électorales ont finalement été rappelés. « Des injures, diffamations, atteinte à la vie privée de certains candidats, des propos haineux et à caractère xénophobe, le manque d’accès à la presse de certains candidats », a cité le vice-président du CSC pour laisser entendre par la suite que des dispositions telles l’accès équilibré des candidats à la presse, le contrôle du respect de la déontologie ont été prises  pour éviter d’éventuels manquements.

Tiba Kassamse Ouédraogo (stagiaire)

Latribunedufaso.net

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